Innover avec le Design Sprint
Le Design Sprint est une session de créativité intense en équipe, étalée sur 5 jours consécutifs, destinée à trouver des réponses à des objectifs d’entreprise. Lancer un nouveau produit ou service, une application, faire évoluer une offre, augmenter un taux de transformation, etc., sont autant de cas de figure où le Design Sprint peut être une solution, mais réviser et améliorer une expérience utilisateur est le cas le plus fréquent.
Le concept de Design Sprint a été développé en 2010 par le designer Jake Knapp au sein de GV, anciennement Google Ventures, qui est la branche d’investissement en capital-risque d’Alphabet. La méthode a pour but d’aider une équipe à définir clairement les objectifs, à valider les idées, à établir une feuille de route avant de commencer le développement. Il permet d’aborder les questions stratégiques à l’aide d’un prototypage rapide et interdisciplinaire et de valider les options grâce à des tests avec les utilisateurs. Ce processus de conception trouve bien entendu son inspiration dans la méthodologie Agile, d’où son nom. L’un des principaux objectifs est de compresser des processus de réflexion de groupe qui prennent normalement des mois et peuvent se terminer dans une impasse à force d’atermoiements, de débats et de fatigue.
Préparation (Sprint Planning)
Il convient pour maximiser les chances de succès que le Design Sprint soit bien préparé. Tout d’abord, il faut un énoncé du défi à relever, afin que tous les participants soient sur la même longueur d’onde. Cela peut être réuni dans un document appelé Sprint Brief dans lequel on trouvera la problématique, les principaux objectifs et les livrables qui sont attendus de la session. Si cela vous paraît nécessaire, vous pouvez faire des recherches exploratoires avant de tenir votre Sprint et rassembler tous les documents (texte, audio, vidéo) potentiellement utileu, des résultats de tests utilisateurs déjà effectués par exemple.
Il faut ensuite choisir l’équipe, généralement 5-8 personnes, et s’assurer de la totale disponibilité simultanée de ces personnes pendant une semaine, ce qui n’est pas le moindre des défis. Si cela peut s’avérer facile avec la petite équipe d’une start-up, cela peut s’avérer plus difficile dans le contexte d’une plus grande entreprise. Idéalement, l’équipe doit être pluridisciplinaire pour une plus grande richesse de points de vue et de connaissances. On peut y trouver un designer UX, un chef de produit, un ingénieur logiciel, un responsable marketing, un rédacteur technique, etc. Stratégiquement, on doit y inclure autant que possible la ou les personnes décisionnaires qui auraient le pouvoir de rejeter les conclusions du Sprint. Une équipe de Sprint doit aussi être composée de personnes qui travailleront ultérieurement au développement du produit/service afin de favoriser l’implication.
Vous pouvez planifier aux moments les plus appropriés du Sprint de courts exposés donnés par des membres de l’équipe et/ou des experts externes, afin qu’ils partagent leurs savoirs sur certains points. Les experts externes peuvent aussi introduire de nouvelles perspectives bienvenues. Plus votre équipe est bien informée, plus elle est en mesure de trouver des solutions viables.
Un lieu (War Room)
Il vous faut un espace dédié à votre Sprint. Le lieu idéal doit susciter la créativité, être bien éclairé, isolé d’éventuelles perturbations extérieures et assez grand pour que chacun puisse travailler dans des conditions confortables. Il doit être équipé de tableaux blancs, avoir beaucoup de surfaces verticales où il est possible de coller des documents. Il faut aussi prévoir toutes les fournitures nécessaires : des marqueurs de différentes couleurs pour les tableaux effaçables, des feutres, des crayons, du papier, des ciseaux, du ruban adhésif, des blocs de notes repositionnables, etc.
Des règles seront communiquées aux participants : pas de téléphones dans la mesure du possible (et si vous devez vraiment prendre un appel, faites le à l’extérieur de la salle), les ordinateurs restent fermés tant qu’on n’en a pas besoin, etc. Il s’agit d’avoir la pleine attention de tous.
Les 5 différentes phases se voient généralement attribuer un jour de la semaine, mais il est possible de faire preuve de flexibilité, d’en raccourcir certaines et d’en allonger d’autres.
Lundi — Comprendre
Avant de commencer, il est bon de briser la glace. Invitez chacun à se présenter et à partager son intérêt pour le projet.
La première phase est consacrée à la compréhension du défi à relever, sous tous ses angles et perspectives. C’est une phase où les exposés d’experts externes peuvent se montrer très utiles. Le Sprint Master capture les idées et les informations sur les tableaux blancs de la salle afin que les membres de l’équipe les gardent comme références visuelles et inspiration pour le reste du Sprint.
À la fin de cette phase de compréhension, l’équipe doit s’entendre sur un objectif bien défini, c’est-à-dire une partie ambitieuse, mais faisable du problème qu’il serait possible de résoudre dans les 4 jours qui suivent. On définira également les “métriques du succès”, comment se mettre d’accord sur ce qui constituera le succès du projet ou produit. Pour une application, il peut s’agir du nombre d’installations ou du temps qu’il faut pour accomplir une tâche essentielle.
Mardi — Esquisser
Après une journée entière consacrée à bien comprendre la problématique et à choisir l’objectif du Sprint, le mardi, il est temps de se concentrer sur les solutions. La journée débuté par l’inspiration : on fait une revue des idées existantes (pour ne pas réinventer la roue) pour éventuellement les remixer et les améliorer. Chaque membre de l’équipe est invité à faire sa propre recherche sur les solutions trouvées par des concurrents ou par des industries aux problèmes d’affaires semblables. Puis chacun est invité à partager ses découvertes avec les autres membres de l’équipe, et on prend le temps de passer en revue les objectifs et tout ce qui a déjà été récolté. Après, chacun est invité à suggérer les idées qui lui viennent et chacune est soumise au vote de l’équipe. Dans l’après-midi, chaque personne travaille individuellement, prend la ou les idées retenues qui lui paraissent les meilleures et réalise un schéma qui illustre sa solution. On commencera également à planifier les tests utilisateurs du vendredi en recrutant des clients qui correspondent au profil cible.
Mercredi — Décider
Mercredi matin, chacun soumet son croquis de solution à l’examen critique des autres membres et l’équipe vote pour choisir celui qui lui semble le plus susceptible de répondre à l’objectif. Il n’est en effet pas possible de prototyper et de tester toutes les idées ; il faut prendre une décision. Parfois, il peut ne pas y avoir de clair vainqueur. Alors on établit une liste de critères et on examine à leur lumière les projets qui se démarquent. Le Sprint Master peut aider à discuter des désaccords, des points de friction et à dégager un consensus. L’après-midi est consacré à établir collectivement un story-board, le plan étape par étape du prototype.
Jeudi — Prototyper
Le jeudi est consacré à transformer le story-board en prototype. Il est attribué à chacun une tâche particulière. Par exemple, le designer UX prépare les “assets”, le chef de produit recrute des utilisateurs pour le test du lendemain, l’ingénieur construit le prototype, le rédacteur prépare un scénario d’entretien, etc. En fin d’après-midi, il faut s’assurer que tout est prêt pour le test de vendredi.
Vendredi — Valider
Cette semaine, vous avez créé des solutions prometteuses, choisi les meilleures et construit un prototype réaliste. Il est temps de tester avec des utilisateurs et d’apprendre en les regardant réagir à votre prototype. Ce jour est aussi l’occasion d’effectuer, si nécessaire, une revue technique afin de juger de la faisabilité. Pour ce faire, on peut avoir recours à des experts externes à l’équipe.
Pour conclure le Sprint, l’équipe examine les résultats et les apprentissages pratiques. Le prototype peut être un échec, mais l’équipe a appris beaucoup de choses et vous avez peut-être épargné à votre équipe plusieurs mois de travail à développer le mauvais produit. Ce peut aussi être un demi-succès, auquel cas vous avez appris et vous avez de bonnes bases pour procéder à une nouvelle itération. Enfin, cela peut être un franc succès et on est prêt à passer à la phase d’implémentation.
Ressources utiles
Pensez-vous que le Design Sprint couramment utilisé par Google pourrait résoudre des problématiques ? Voici quelques ressources pour en savoir plus sur la méthodologie.
Le Design Sprint Kit est le site de Google qui décrit le processus. On y trouve un descriptif des phases du Sprint, de nombreuses idées d’activités pouvant animer les différentes phases, des trucs et astuces, des outils utiles, des études de cas, etc.
Le livre Sprint, coécrit par Jake Knapp, le créateur de la méthode. Ce guide pratique est la bible pour tous les Sprint Masters.