L’informatique quantique au service de l’automobile
C’est la question que cherche à résoudre Volkswagen, le constructeur automobile allemand avec une forte présence en Chine. Grâce à l’informatique quantique. Et pour y arriver, Volkswagen s’est associé à la firme canadienne D-Wave Systems, de Burnaby en Colombie-Britannique, qui se spécialise dans le développement d’ordinateurs quantiques.
L’informatique quoi ?
Mais qu’est-ce que l’informatique quantique et quelles en sont les applications à l’heure actuelle ? Certains se souviendront sans doute que le Premier ministre Justin Trudeau, peu de temps après son élection, avait expliqué, de manière probablement aussi impromptue que mémorisée, les bases de l’informatique quantique lors d’une conférence de presse. Même chez les initiés, on s’y perd parfois.
En informatique dite « classique », on travaille dans un environnement de type binaire, les fameux 0 et 1 qui sont codés sur des bits. En informatique quantique, on travaille avec les propriétés physiques de la matière, par exemple la superposition ou l’intrication qui font en sorte que les calculs peuvent s’effectuer sur plusieurs états de la matière en même temps. On peut donc en théorie traiter beaucoup plus d’information en simultané, ce qui permettrait aux ordinateurs dotés de processeurs quantiques de résoudre des problèmes éminemment plus complexes. C’est la promesse à tout le moins !
Le problème de circulation à Beijing
À travers cette initiative, Volkswagen et D-Wave Systems espèrent jeter les bases de l’automobile de demain. Et il faut d’abord dire que ce n’est pas une mince tâche. Dans le contexte automobile, l’intelligence artificielle requiert l’analyse en temps réel d’un extraordinaire volume de données pour en arriver à proposer des réponses optimales à des situations en constante évolution.
Encombrements et travaux à Beijing. © iStock.
Les ingénieurs des laboratoires de Volkswagen basés à San Francisco et à Munich, ainsi qu’une équipe à Vancouver, testeront donc des algorithmes qui permettraient en théorie d’optimiser les temps de transit ainsi que la répartition de tous les taxis publics dans la mégapole. L’informatique quantique permettrait l’influx et l’analyse de ces mégadonnées, pour lesquelles les variables sont si nombreuses que même les superordinateurs s’y perdent.
Ce problème spécifique, qui s’étend à un unique aspect d’une seule ville, pourrait éventuellement devenir beaucoup plus large. Le pari de cette collaboration, qui s’insère dans le programme de compétences numériques de VW, c’est d’en arriver à créer des applications qui ne peuvent tout simplement pas être programmées traditionnellement. Au sein de cette collaboration, la compagnie canadienne fournit son prototype d’ordinateur quantique.
Les TIs du futur
Martin Hoffman, le président du groupe Volkswagen, illustrait la différence de performance qu’offre l’informatique quantique par rapport aux technologies actuelles pour résoudre des calculs aussi complexes : « Un superordinateur actuel prendrait entre 30 et 45 minutes à résoudre les équations qu’un ordinateur quantique permet de régler en 3 secondes. Il va sans dire que pendant ce temps, la congestion routière serait déjà bien installée » !
Selon M. Hoffman, « la technologie reliée à l’informatique quantique pourrait amener des progrès incroyables pour Volkswagen en ce qui a trait à toutes les sphères des TIs et du numérique, qui continueront d’émerger à l’avenir. Nous nous attendons à y découvrir de nombreuses possibilités d’applications, particulièrement dans les domaines de la conduite autonome, du contrôle des processus reliés à l’intelligence artificielle, de l’usine intelligente, de l’apprentissage automatique et de la mobilité intelligente ».
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En apprendre plus sur la technologie de l’informatique quantique (en anglais) : “Quantum computing 101”.