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Quel est le meilleur CMS ?

19 mai 2016.
Content Management System

La question “quelle est la meilleure automobile” est un peu sotte. Il n’y a pas de meilleure automobile au monde. Certes, il en existe de moins bonnes que d’autres, mais la véritable interrogation doit être “quelle serait la meilleure automobile pour moi, pour mon usage ?”. Si vous habitez dans la forêt boréale canadienne, une Lamborghini ne serait probablement pas le véhicule le plus approprié à conduire au quotidien, même si vous aviez l’argent pour ça. Pour choisir votre auto idéale, vous devez prendre en compte un grand nombre de critères : le prix d’achat, le coût de maintenance, la présence d’un réseau commercial du constructeur (pour un bon service après-vente et l’entretien), le nombre de sièges disponibles, le confort, la capacité de chargement, la puissance, la consommation, la durabilité, le design, etc. Etc. La meilleure automobile pour vous n’est probablement pas celle de votre voisin, car vos besoins ne sont pas les mêmes. Et même si vous avez trouvé la voiture qui vous convient au mieux, vous avez forcément dû faire quand même certains compromis avec vos attentes. L’auto parfaite et sur-mesure n’existe pas.

La question “quel est le meilleur CMS” (Système de Gestion de Contenus, ou SGC, en bon français) est exactement du même type, elle n’est pas plus intelligente et la réponse est d’une grande simplicité : il n’y a pas, il n’y a pas eu et il n’y aura jamais de meilleur CMS au monde. Et toutes les discussions du style “mon CMS est meilleur que le tien” sont stériles.

De fait, si l’on examine les CMS les plus populaires du marché, on peut dire de manière générale qu’ils sont tous bons, ce qui explique aussi leur popularité (sachant que le plus en vogue ne répondra pas nécessairement à vos propres besoins, sauf au prix de bricolages incertains). Tous ces CMS ont tous leurs qualités, mais ces qualités étant souvent de nature différente, il est en fait très difficile de les comparer. Choisir un CMS, c’est en premier lieu faire le bilan de ses attentes : les lister, les hiérarchiser, de celles qui doivent être absolument être comblées de la meilleure façon qui soit à celles qui sont moins indispensables. Et si possible, il faut anticiper les besoins futurs. Il y a aussi d’autres critères qui entrent en ligne de compte, principalement votre budget, car même si ces logiciels sont souvent gratuits, leur installation, l’adaptation à votre cahier des charges, l’intégration de votre design, l’hébergement et la maintenance, ne sont en rien gratuits et peuvent représenter une charge annuelle tout à fait conséquente. Tout est, comme pour le choix de la voiture, une affaire de contexte et de variables.

Ce qui est sûr, c’est que le CMS parfait et polyvalent, celui qui répond à toutes les situations, n’existe malheureusement pas. Si votre usage impose un flux de travaux (workflow) sophistiqué, à toute épreuve, avec un nombre substantiel d’utilisateurs et de profils… vous pouvez déjà écarter ceux qui ne savent tout simplement pas faire, et regarder avec le plus grand scepticisme ceux qui répondent seulement en partie à votre demande via un plugin tiers qui n’offre pas d’importantes garanties de pérennité. Si votre fonctionnalité est vitale, il est mieux qu’elle soit intégrée de base au cœur du produit. Si vous voulez un blogue puissant avec toutes les fonctionnalités qu’on peut attendre d’un blogue, il est préférable d’aller avec WordPress par exemple, qui offre tout ça en standard.

Apprenez aussi à segmenter. Si vous avez des besoins variés, ne vous obligez pas à trouver la solution qui répond à tout. Elle n’existe peut-être pas plus que la licorne rose, le jackalope des plaines ou le dahu des montagnes. Par exemple, il n’est en rien impossible d’avoir un site statique (sans CMS !) pour des pages institutionnelles rarement modifiées, un logiciel spécialisé comme NopCommerce pour vendre en ligne et un autre CMS pour gérer un blogue ou une section d’actualités.

Ensuite, il faut savoir qu’il existe de nombreux CMS dédiés à des métiers. Tout le contraire de la polyvalence : ils font moins de choses, mais le font mieux. Ces CMS sont moins connus, mais bien plus efficaces à immédiatement répondre aux attentes les plus communes d’une profession. Par exemple, si vous êtes photographe, une plateforme hébergée dédiée aux portfolios comme Format vous permettra d’avoir très rapidement un site aux allures tout à fait professionnelles et même de gérer des galeries privées pour présenter à vos clients les photos de leurs commandes.

Vous entendrez souvent : “Utilise TrucCMS, c’est le meilleur”, de la bouche d’un utilisateur passionné de TrucCMS. C’est un mauvais conseil qu’on vous donne s’il ne repose pas sur une connaissance réelle de vos besoins. Et cet utilisateur ne rend même pas service au logiciel qu’il aime tant. Recommander un logiciel pour répondre à une problématique pour lequel il n’est pas prévu, ne peut entrainer ultérieurement que frustrations et rancœurs. Et tôt ou tard tombera le jugement définitif “N’utilisez pas TrucCMS, c’est nul. Je sais, j’ai essayé.”

En outre, n’accordez qu’une confiance modérée aux prestataires de services qui ne maîtrisent qu’un seul CMS. Ils ne sont pas toujours les mieux placés pour vous conseiller avec objectivité. Méfiez-vous aussi de ceux qui disent oui à toutes vos demandes.

Si vous lisez ici ou ailleurs que WordPress est de loin le premier en part de marché, ça ne veut pas dire qu’il peut tout faire — c’est avant tout qu’il existe des millions de blogues et petits sites qui l’utilisent. La popularité n’est pas un critère en soit, si ce n’est qu’elle vient avec certains bénéfices comme une vie communautaire autour du produit, la facilité de trouver un développeur expérimenté (ce qui peut se traduire par de moindres coûts), un plus grand choix de plugins, modules et templates, etc.

Pour faire un choix avisé, faites avant tout une liste de spécifications la plus précise possible. Pour chacune, voyez si le CMS peut le faire soit directement, soit de manière détournée, ou encore ne peut pas le faire du tout. Après, il s’agit d’une affaire d’arbitrage dans vos priorités. Le danger à cette étape est de prendre un CMS trop puissant en regard des besoins réels. Un CMS “léger” est plus facile et moins couteux à adapter et à maintenir. Pensez aussi à l’agrément d’utilisation des interfaces d’administration et ne négligez pas les coûts liés à l’apprentissage d’un outil trop complexe.

Le “meilleur CMS en 2016”, ce sera celui qui s’adaptera le plus à vos besoins actuels et futurs. Ce sera peut-être WordPress, Joomal ou Drupal, ou encore une solution dont vous ignoriez l’existence. Pour reprendre l’expression anglaise popularisée dans les années 1980, en matière de CMS (comme pour tant d’autres domaines logiciels), There Is No Silver Bullet — il n’y a pas de solution miracle.